samedi 30 mars 2013

Francis Bacon

Je poursuis mon billet d'hier avec un peintre vraiment très différent. Je vous présente aujourd'hui Francis Bacon, non pas le philosophe mais le peintre britannique. Le lien que j'ai mis n'est pas celui de son site officiel (que je n'aime pas du tout) mais vous retrouverez le lien sur celui-ci ainsi qu'un court vidéo intéressant sur Bacon. Né en 1909 et enfant avec une santé fragile, il mourra d'une pneumonie en 1992. Il a vécu le rejet de son père lorsque ce dernier a découvert son homosexualité.

Peintre autodidacte, il s'inspire de Vélasquez, Van Gogh, Picasso et du cinéaste Luis Buñuel.

Rejetant l'abstraction de ses contemporains, la figuration de ses œuvres va cependant à l'encontre de l'esthétique de l'époque. Son interprétation de personnages reproduit surtout le visage humain dans des expressions hagardes, effacées, contorsionnées. Elles sont déformées comme par un phénomène optique comme on peut l'observer dans cet autoportrait.

Autoportrait (1969), par Francis Bacon

On retrouve ses personnages le plus souvent isolés, parfois en duos mais très rarement plus de deux. Parfois les analogies d'attitude et de situation rapprochent l'homme de l'animal. On les retrouve assis, couchés, emprisonnés, endormis.  Ici le pape Innocent X est assis comme prisonnier et en proie à une douleur intense. Les traits verticaux jaunes donnent une impression de violentes vibrations et de mouvement. On dirait que le personnage va exploser.

Innocent, par Francis Bacon

Dans années quarante, Bacon peindra ses premiers triptyques qui deviendront par la suite une forme conventionnelle de son travail. Même si on y retrouve des personnages dans ces triptyques, ceux-ci sont isolés, ne communiquent pas entre eux. Voici Trois études de figures au pied d'une crucifixion...

Trois études de figures au pied d'une crucifixion, par Francis Bacon

... et Trois personnages dans une pièce. Les figures ici représentées, une dans chacun des panneaux, sont : de dos à gauche, George Dyer, avec qui Bacon se lie de 1964 à 1971, année de la mort de Deyer; à droite et de profil, Lucian Freud, peintre anglais; et, au centre de face, Bacon lui-même, la bouche tordue en un cri. Malgré les déformations que le peintre leur fait subir, on reconnaît les modèles.



Au cours des ans, il laissera de côté les images de violence crue, peintes à ses débuts, pour « peindre le cri plutôt que l'horreur ». Il insiste sur le fait que la violence doit résider dans la peinture elle-même, non dans la scène présentée.

Je vous laisse sur cet interview de Francis Bacon en 1984, vous pourrez vous faire une idée du personnage. Il a d'ailleurs laissé plusieurs documents audios et visuels qui témoignent de sa recherche.

Non, je vous quitte plutôt sur cette anecdote...

Ses personnages ne laissent personne indifférent.  Au cours de ma vie professionnelle, en tant qu'enseignante, j'ai eu la chance de donner certains cours qui laissaient place à la créativité. Pour débuter ces cours, je prenais un moment pour créer une cassure avec ce que les étudiants faisaient avant d'entrer dans ma classe et cela leur donnait un ouverture à laisser aller leur créativité et travailler par la suite sur leurs projets.

Un jour, j'ai présenté une reproduction d'un autoportrait de Bacon en demandant à mes étudiants de m'écrire quelque chose à partir de cette image. La toile présentée ressemblait à l'autoportrait au haut de ce billet. Le texte pouvait prendre n'importe quelle forme (chanson, poésie, narration, etc.) et se rapporter sur la toile elle-même, sur l'impression laissée par l'image ou la réaction par rapport à cette image. J'ai eu de très beaux textes dont un en particulier d'un étudiant qui, je l'espère, poursuivra dans le domaine de l'écriture, peu importe sa forme. Mais, ce que j'ai constaté (même si je l'anticipais), c'est que cette œuvre ne laissait personne indifférent, peu importe si on aimait ou pas. J'avais hésité avant de proposer cet exercice mais je ne l'ai pas regretté. J'espère que j'ai pu initier à Bacon ceux et celles qui ne le connaissaient pas et d'une manière positive.



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