Oui, que feriez-vous avec ça?
On peut en faire bien des choses naturellement, chacun trouvera une idée particulière. Celle de François, qui me l'a donnée, était que la structure pourrait probablement me servir pour ma création artistique. Et il est tombé pile... cependant, s'il regarde l'image, il verra que la pièce de métal rouillé qu'il m'a offerte a déjà été modifiée.
Je dois vous dire que certaines personnes qui connaissent mon travail me font l'honneur de penser à moi lorsqu'ils découvrent une pièce de «rouille», peu importe sa forme, sa taille, son poids, sa structure. Hervé, un jour, est arrivé à mon bureau avec un sac rempli de casseroles rouillées qu'il avait retrouvées sous sa galerie je crois. Wow! Une d'entre elles est devenue cette Trouille éclatée, une de mes toiles préférées que je n'aurais pas vendue à n'importe qui.
Je poursuis mon historique. Mon amie Andrée demeurera toujours «la meilleure» prospectrice de pièces de rouille. Elle a développé un sixième sens et n'en laisse pas passer une et celles qu'elle me rapporte possèdent un cachet unique. Il y a quelques années, pour mon anniversaire, elle m'a donné un petit fil de métal rouillé, enroulé sur lui-même pour une partie de sa longueur... superbe! Ce fut le plus beau cadeau de fête que je pouvais recevoir cette année-là. Merci Andrée! Ceux et celles, qui m'offrent un «objet» qui défie mon imaginaire à le voir autrement, me connaissent vraiment. Ils ont vraiment pensé à moi pour ce que je suis, ce qui alimente ma créativité et ce qui me plaît, soit de transformer un objet en œuvre d'art.
Vous comprendrez que la structure «échelle» de François m'a interpelée tout de suite. J'ai bâti un faux-cadre qui pouvait s'insérer à l'intérieur de la structure en acier car, à cause du poids de celle-ci, inutile de penser à l'insérer dans la toile. Je vous parle de ma démarche première ici. Par la suite, j'ai quelque peu modifié la structure qui était trop «droite et équilibrée» pour moi. Heureusement que j'ai mon chum pour s'occuper du travail de la meuleuse car j'ai les mains pleines de pouces en ce moment et ce serait dangereux pour moi de m'attaquer à un tel travail. D'ailleurs, plusieurs artistes ont un soutien technique.
Enfin, comme je le disais dans un billet précédent, je travaille maintenant à intégrer ma toile à la structure puis, par la suite, je passerai à la la finition. La transformation sera longue car je ne veux laisser aucun détail qui pourrait causer des blessures ou que la toile pourrait se détacher de la structure. Ce projet occupe presque toute ma tête, jour et nuit. Lorsque je me questionne, je ne trouve pas nécessairement la réponse immédiatement. Cela fait partie de la résolution de problème. Je laisse alors mon esprit ouvert à toutes les solutions inimaginables. Je choisirai par la suite celle qui me semblera la «meilleure» dans la recherche en cours.
Mon chum a peur que la structure me tombe sur les pieds lorsque je m'installe sur mon chevalet pour travailler sur cette toile mais j'ai confiance... sinon je ne ferais jamais rien.
Je termine en répondant à une question que vous vous êtes peut-être posée : «Pourquoi la rouille?». Vous êtes-vous déjà arrêté à regarder une pièce de métal rouillé? Si oui, avez-vous noté la richesse des couleurs qui la composaient? Dépendant du temps où le morceau de métal en question s'est oxydé, les couleurs seront plus ou moins riches. Et, si on a la chance de trouver, en plus, des restes de peinture ou de couleur qui ont résisté à la corrosion, là c'est la jouissance totale.
Je retourne donc à mon atelier. Je souhaite à toutes et tous une belle journée. Elle s'annonce ensoleillée finalement!